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Date de création : 28.10.2014
Dernière mise à jour :
01.11.2014
12 articles
Dean le dévastateur !!!
La Martinique, cette île que l’on aime par amour comme un échange, un mariage que l’on vit pour le pire et le meilleur. Le meilleur est toujours facile à vivre en revanche le pire est toujours douloureux. Pour nous tout à commencer à devenir très présent le Mercredi 15 août. Nous entendons toujours la même chose sur toutes les radios DEAN se rapproche « préparez vous ». Mais qui est ce DEAN ? Un grand et fort ouragan /cyclone qui va certainement faire beaucoup de dégâts dans les prochaines heures.
Jeudi 16 août, nous nous réveillons comme tous les matins, le temps est relativement beau et rien ne présage une journée très différente. Ah si la radio, toujours la radio qui ne cesse de donner des infos de sécurité et de prévoyance car le cyclone DEAN est de plus en plus proche de nos côtes atlantiques et ne laisse plus beaucoup d’espoir d’un changement de trajectoire.
La pression monte, il est plus que temps de faire le plein de courses au cas où. Première difficulté, les routes sont surchargées de voitures tout le monde est sur les routes et se prépare. Arrivé sur place le magasin est pris d’assaut, le personnel de la grande surface n’arrive plus à remplir les rayons, une palette d’eau ne fait que 5 minutes, les caddies sont bondés de vivre pour tenir quelques jours. 4h00 pour faire le trajet et les courses !!!
De retour à la maison, il faudra remplir les placards et le frigo, nous avons de quoi tenir un peu.
Petit tour sur Internet et sur le site SXMCYCLONE, il n’y a plus de doute nous sommes dans le sud et en plein dans la trajectoire de l’œil de l’ouragan. La Martinique est en alerte orange depuis ce matin, il faut être chez soi à 17h00 car les déplacements en véhicule ne seront plus possibles après cette heure. La mairie passe dans les rues avec la voiture et informe par le haut parleur que le cyclone DEAN arrive et qu’il faut solidifier les habitations, rentrer les animaux, faire le plein de piles, vérifier sa radio et écouter les messages d’alerte.
Chacun sur sa maison s’affère à la pose des contreplaqués, ferme tout à double tour pour consolider les ouvertures exposées au vent d’est car c’est par l’est que le cyclone DEAN est annoncé. Sans oublier de préparer une grosse table bien solide pour pourvoir mettre toute la famille à l’abri dessous si la toiture s’envole. Ensuite vérification générale qu’avons-nous oublié ?
Ah oui, préparer le paquetage de survie en cas d’évacuation urgente car cette nuit sous des vents et une pluie battante des toitures s’envoleront et des gens seront obligés de se réfugier chez les voisins. Les principaux papiers, les bijoux, de l’argent et un peu de vêtement de première nécessité tout cela dans un sac à dos et c’est bon.
17h00, le jour nous quitte nous laissant dans la pénombre de la nuit de l’enfer.
Nous venons de prendre les dernière infos à la TV, nous sommes en alerte rouge c’est sur il est là il s’approche et nous ne pouvons rien faire, nous allons subir les foudres de cet ouragan. Les heures sont longues nous commençons à tourner en rond nous avons tout rentré plus rien dehors, la maison est devenue un gigantesque débarras mais nous n’avons pas le choix, même notre chienne Beauceronne est autorisée à rentrer à la maison. Pour elle c’est la fête dormir dans la maison avec la famille, mais que se passe t-il ?
Dehors l’atmosphère est bizarre ce soir la mer est calme il n’y a plus de bateau, les pêcheurs et les plaisanciers les ont sortis ou mis à l’abri au mieux de ce qu’ils peuvent pour leur embarcation. Le silence est là un silence étrange pesant, les oiseaux ne chantent plus, les grenouilles sont silencieuses comme si la nature comprenait qu’il allait se passer quelque chose. L’air est lourd et chargé d’humidité nous transpirons. 20h00 alerte Violet, nous sommes obligés de rester confiner à la maison aucune sortie n’est autorisée. Pour nous c’est déjà fait, nous sommes devant la Télé pour entendre les dernières infos car nous le savons, dans quelques heures nous serons dans la pénombre totale, l’électricité sera coupée juste avant l’arrivée du cyclone DEAN afin d’éviter les incendies. Nous dînons en famille sans grand appétit et en discutant avec les enfants pour les informer de ce qui allait se passer dans quelques heures et quel comportement adopter. Surtout ne pas céder à la panique quoi qu’il arrive. Allons nous coucher nous verrons bien de toute façon le compte à rebours est lancé.
4h10 la sirène de la mairie crie l’alerte générale le danger est là imminent. Cette sirène me fait penser à mon grand-père qui me racontait la guerre avec le coup de sirène avant les bombardements, j’ai l’impression d’être dans un rêve, mais non, le cyclone DEAN arrive tranquillement à la vitesse de 37Km/h et chargé de rafales de vent à 200Km/h. Qu’allons nous devenir dans un moment, nous sortons de notre sommeil, il faut être vigilent écouter le moindre bruit le moindre craquement et intervenir au plus vite. Dans la nuit noire le danger semble encore plus grand. Le cyclone DEAN se rapproche, nous entendons arriver la forte pluie le vent frappe fortement sur le toit de la maison et sur les murs pour l’instant ça tient !! Les minutes passent et le danger est de plus en plus fort DEAN pousse la porte d’entrée le bruit est intense.
Il la tire la repousse, frappe fort comme un voleur qui voudrait rentrer par effraction. Nous sommes derrière et très inquiets.
La vengeance du cyclone DEAN ne tarde pas, comme vexé de ne pouvoir faire céder la grosse serrure trois points il nous assaille de trombes d’eau et de vent violent qui ne tarde pas à ouvrir des brèches d’eau que nous commençons à éponger. L’eau rentre c’est parti la nuit d’enfer est vraiment là, nous rentrons dans la chambre de notre fils pour vérifier, il dort mais nous sommes là aussi dans l’eau !!! Réveil rapide, toute la famille est sur le pont pour éponger avec tout ce qui nous vient sous la main et sauver le maximum de choses. L’infiltration continue par les jalousies pourtant solidement fermées et verrouillées mais le cyclone DEAN est aujourd’hui le plus fort la puissance des rafales de vent qu’il nous fait subir pousse l’eau dans notre maison.
6h00 du matin, retournement de situation les vents tournent le cyclone DEAN contre attaque par un autre côté, nouvelles brèches d’eau mais cette fois-ci à l’étage. L’eau rentre par le toit et c’est reparti pour les grandes inondations. Nous vidons la cuisine de tous ces récipients pour faire tomber l’eau dedans, nous vidons les armoires, draps, nappes, tee-shirt peu importe ce qui nous tombe sous la main, il faut éponger au plus vite car le parquet n’y résistera pas.
Nous sommes à l’étage et aux premières loges d’un spectacle impressionnant, notre maison créole en bois de courbaril réputé résistant bouge et se vrille sous les forces de DEAN.
Le jour se lève et c’est maintenant un peu plus calme, bien que nous voyons la mer totalement déchaînée, nous sentons que le cyclone DEAN nous quitte doucement le plus fort du danger est presque passé il reste bien encore quelques bourrasques de vents mais nous allons pouvoir tenter une sortie et comptabiliser les dégâts autour de nous. Nous ouvrons une porte à l’opposé des vents et sortons sur la terrasse la maison est recouverte de feuilles hachées menu comme si elles avaient été passées au hachoir de la cuisine pour faire une « sauce chien » les murs sont sales notre maison qui est habituellement blanche est couleur terre, les pluies très fortes ont formé des coulures qui ne lui donnent pas fière allure.
C’est un euphémisme mais les canis coupe vent que nous avions installé sur la rambarde de la terrasse sont partis en lambeau !! Nous sommes prudents car le vent souffle encore fort et la pluie ne cesse de tomber. Coup d’œil dans le jardin, le portail coulissant est parti !! Il est là par terre, à côté de son rail, le moteur électrique arraché malgré les tires fonds qui le fixaient au sol béton. Nous décidons de descendre pour le déplacer et le mettre à l’abri des coups de vent et bien à plat sur le béton. Nous en profitons pour regarder dans le jardin, enfin jardin c’était quelques heures avant le cyclone DEAN, pour l’heure il n’y a plus rien les arbres sont soit coupés soit arrachés même les bougainvilliers qui sont souples et résistants ont lâché prise devant la force de DEAN. La mer a mangé la plage, il n’y a plus de sable se ne sont que débris, algues et un mauvais reflets de notre société de consommation les bouteilles vides en plastique sont là par centaines !!! Nous voyons depuis chez nous que l’église a perdue ses tuiles, la salle de spectacle n’a plus de tôles, les services techniques de la ville ont perdus une partie de leur toit et beaucoup de maison non plus de toit non plus. Nous ne pouvons rester dehors, nous sommes obligés de rentrer une bourrasque de vent vient de nous plaquer dos au mur de la maison !! Replions-nous. Le bilan de notre sortie matinale est assez positif pour nous, la maison ne semble pas avoir de gros dégâts, nous nous en sortons bien. Mais dans quelques heures nous aurons certainement la désolation de constater notre joli village avec une image qui ne lui ressemble pas du tout.
10H00, le journaliste de la radio RCI, qui nous réconforte en continue depuis de longues heures, nous informe que nous passons en alerte grise, plus de confinement, le cyclone DEAN est loin mais il faut rester prudent car des tôles arrachées peuvent encore partir au vent.
C’est en famille que nous descendons dans le bourg. Nous ne reconnaissons plus notre village, tout est cassé arraché, certaines maisons non plus de toit, le marchand de pizza qui avait un gros arbre et qui ombrageait ses clients est tombé. Les gens commencent déjà à déblayer couper, évacuer tout ce qui peut l’être par la force de l’homme pour le reste il faudra attendre les engins mais surtout que les routes soient dégagées car nous sommes coupés du monde. Nous avons pris des informations auprès de la mairie « il est pour l’instant impossible de sortir du village les routes sont coupées, il faut attendre ». Nous en verrons le résultat quelques heures plus tard avec l’arrivée de l’hélicoptère de l’armée qui vient pour évacuer une personne qui fait des malaises depuis plusieurs heures et que les pompiers ne peuvent venir secourir.
Le cyclone DEAN a fait un ravage, la mer est montée sur la route, il y a du sable partout, les tôles ondulées des toits sont au sol, l’église que nous apercevions de chez nous a malheureusement perdue beaucoup de tuiles et des immenses trous laissent passer la pluie qui tombe toujours. C’est la désolation partout. De retour chez nous, nous finissons de ranger et éponger les dernières flaques d’eau avant de ressortir en voiture dans quelques heures quand les routes seront dégagées. Les informations que nous avions avant le passage du cyclone DEAN étaient qu’ils couperaient l’électricité pour éviter les incendies, le problème maintenant est que nous n’avons plus d’électricité mais plus d’eau non plus. Et pour combien de temps ?Le lendemain France Antilles sort malgré tout un journal dans lequel nous pouvons lire en gros titre « DEAN comme désastre » les photos parlent d’elles mêmes nous avons une île dans un état de catastrophe naturelle. La mobilisation est générale, nous prenons les « coupe-coupe » et déblayons les routes pour pouvoir passer, les engins de la ville et le personnel travaillent énormément pour que la vie redevienne normale rapidement. Les jours passent, mais toujours sans eau et sans électricité, nous suivons le journal de France Antilles chaque jour le bilan est lourd, 3 morts, 6 blessés, plus de 500 000 millions d’euros de dégât, plus de 5000 maisons endommagées. Dont 342 habitations complètements détruites. L’œil du cyclone DEAN est passé sur le sud de l’île, les villes les plus touchées à son entrée sur la côte atlantique sont Le Vauclin, Le François, Le Robert. Et à la sortie, St Anne, St Luce, Le Diamant et Anses d’Arlet.
Deux jours que le cyclone DEAN est passé, les écoles fortement touchées ne feront pas leur rentrée le 4 septembre ! Les habitations commencent à être un peu plus propres mais les détritus de jardins sont maintenant tous au bord des routes en attendant les ramassages. Il va falloir faire vite car les petites bêtes à quatre pattes pas très sympathiques vont bientôt se reproduire à grande vitesse. Les jours passent, la solidarité bat son plein, muni de coutelas la population nettoie les bords des routes, les services techniques reçoivent le matin des bras pour la journée car des gens viennent donner des coups de main spontanément.
Nous l’aimons notre Martinique et ce n’est pas un cyclone comme DEAN qui va nous gâcher le paysage pendant des années ! Les habitations sinistrées sont revêtues de bâches, bleues, blanches, vertes qui ma foi donnent encore un peu de couleurs. Bien que nous soyons toujours sans eau et sans électricité la machine de la reconstruction est en marche, la métropole vient d’annoncer l’arrivée de nos ministres les uns derrière les autres qui survoleront notre île avec le préfet dans l’hélicoptère de l’armée. Le lendemain EDF annonce la venue de la F.I.R.E (Force d’Intervention, Réseau, Electrique) nous aurons environ 200 hommes qui viendront de toutes les régions de France pour nous porter secours. Des groupes électrogènes seront chargés dans des avions mais aussi dans le plus gros avion cargo du monde qui atterrira pour la première fois en Martinique. Au final au sixième jour l’eau est revenue grâce à la mise en place d’un groupe électrogène par EDF sur les pompes de la SME. Fini les aller et retour avec des bouteilles d’eau pour subvenir au besoin de la famille et prendre des douches avec 3 litres d’eau, fini les seaux d’eau de mer que nous remontions à bras pour les verser dans les receveurs des toilettes, le luxe, l’eau coule par le robinet. L’électricité reviendra au douzième jours nous sautons de joie « merci EDF » nous allons pouvoir maintenant faire tourner la machine à laver. L’espoir est maintenant dans les yeux de toutes les Martiniquaises et tous les Martiniquais, le but est de revenir à la normal le plus vite possible et d’effacer les traces du cyclone DEAN pour que la saison touristique n’en pâtisse pas. Cette épreuve restera dans toutes les mémoires des gens qu’ils l’ont vécue, un cyclone on ne l’oublie pas, le vent, la pluie, la peur et le désastre du lendemain c’est impossible. Mais nous ne pouvons oublier non plus l’élan de solidarité entre voisins, familles, copains, amis ou inconnus. Je terminerai en remerciant, les animateurs de radio qui ont fait un travail superbe toute la nuit, je pense à RCI et RFO que nous écoutions. France Antilles qui a dépêché des journalistes dès le lendemain pour que nous ayons des ratios et des clichés de la situation. Bravo aux Maires qui étaient sur le terrain jours et nuits, aux services techniques des villes qui ont fait un boulot rapide et efficace, aux services de l’eau et d’EDF pour un rétablissement rapide des besoins vitaux, à l’armée et aux pompiers. Et courage encore aux hommes de France Télécom et aux sous traitants qui 15 jours après le passage du cyclone DEAN sont toujours sur le terrain pour réparer tant les dégâts sont importants. Et respect à toute la population pour son courage, son dévouement et sa bonne humeur. Quoi qu’il en soit la nature et l’homme se relève toujours la Martinique sera prête pour la saison touristique!!!